1994. La Eastcoast allait connaître un nouveau phénomène de taille et de poids : Biggie Smalls, renommé The Notorious B.I.G. par son mentor et manager Puff Daddy. L’aventure commence quand cet ancien dealer, dit-on, fut découvert par Sean Combs quelque mois auparavant. Et le sobriquet que celui-ci a légué à son protégé n’avait rien d’anodin puisqu’il allait être la poule aux d’or du tout nouveau label Bad Boy Records. Catapulté au rang de star avec des singles ambivalents calibrés street et radio tels que Juicy ou l’incroyable remix de Flava In Ya Ear de Craig Mack, Christopher Wallace est devenu avec Nas et le Wu-Tang Clan le plus fier représentant de la côte est. 2004. Sa légende ne dépérit toujours pas et son nom sera à jamais ancré dans l’histoire du Hip Hop. Et c’est dix ans plus tard que sort la réédition de Ready To Die, classique parmi les classiques.
Puffy et Biggie étaient à la Eastcoast que ce Snoop et Dre était à la West : Un tandem gagnant, fructueux et perfectionniste. Tous les gros moyens étaient mis en œuvre pour faire ce ched d’œuvre : Prince Charles Alexandeur en ingé son, Easy Mo Bee et Digga comme producteurs principaux. Ready To Die (‘prêt à crever’) est un concept qui fascine l’auditeur autant que l’auteur pour la mort. Une atmosphère lourde et pesante recouvre cet album mythique. D’autant que plus que les propos de Biggie rendant l’ambiance d’autant plus malsaine et hardcore. Mais c’est tout à son image : en l’apparence un gros ours bien gentil qui cache des pensées perfides, vicieuses et surtout ultra réalistes. Il avait peut-être aussi une voix d’or de crooner mais son flow tranchant au souffle calculé le rendait aussi dangereux qu’un bambin armé d’un uzi.
« Who the fuck is this? Pagin me at 5:46 » commence le conte gangsta Warning. Vibe oppressante à l’origine conçue pour Big Daddy Kane et le tout craché en une seule prise et de tête. Le don de Notorious B.I.G. et sa mémoire ‘négrographique’ comme il aimait le prétendre a fait le tour de tous les studios, au point de même faire ébahir DJ Premier qui lui a produit le génial Unbelievable. Tout le monde connaît aussi ses gros hits planétaires comme la reprise des Isley Brothers pour Big Poppa et One More Chance. Biggie était un homme charmant et les femmes étaient aussi sa source d’inspiration, au point d’avoir commencé à générer un son hybride rap/r&b. Mais ça son grand ami et rival 2Pac aussi l’a fait, à la même période. Et malgré une certaine cruauté misogyne sur Me & My Bitch, il démontrait aussi une profonde affection et sensibilité pour les gens qu’il aimait.
Le seul featuring de l’album est un autre MC d’exception, puisqu’il s’agit de Methodman sur The What. Les deux rappeurs partent en freestyle et se relaient sur « You can’t fuck with M E/ T H O D man ». Capable d’extrapoler de faits environnants pour en faire des rimes et des récits surprenants, il ne cachait pas non plus son côté amer, une rage de vivre et de haine. « Fuck the world, fuck my moms and my girl ». Conclusion sur Suicidal Thoughts. Car si avec le succès, il profitait de la vie, il la baisait aussi, comme une vengeance. Des personnalités de ce genre sont rares dans le monde hip hop, et ce sont d’ailleurs ces personnes là qui ont aussi le plus de succès. On dit souvent que les œuvres des génies ont plus de valeur après leur mort. Ready To Die en est le parfait exemple.