La compétition était ouverte depuis plusieurs mois à cause du beef avec T.I.. Si ce dernier s'est autoproclamé King Of South, nul doute que Ludacris est irrévocablement la Mouth Of The South. Si T.I. a préféré miser sur des producteurs en vogue (The Neptunes, Lil Jon, Scott Storch etc...) pour 'Urban Legend', Luda a préféré faire un 'Red Light District' plus homogène en optant pour des producteurs bien moins connus, quand il ne s'agit pas bien sûr de Timbaland ou les Organized Noise. Autre détail d'importance : l'absence des DTP, à croire que Cris a tenu à laver son linge seul.
Quatrième disque et une place toujours plus importante dans le rap game, ça inspire le respect. Contrairement à 'Chicken & Beer', Ludacris est revenu vers un style musical bien plus amusant et entrainant, tout comme 'Word Of Mouf'. "Get Back", le premier single, explique bien le caractère clownesque du rappeur, avec une certaine ambiguité d'ailleurs puisqu'il scande "Get back motherfucker, you don't know me like that". Les 'subliminal skills' sont lancées. Evidemment, c'est avec un grand plaisir que l'on retrouve les 'culbutes ludacrissiennes' sur "Blueberry Yum Yum", assisté par le crooner d'ATL, Sleepy Brown.
Ludacris a longtemps été un rappeur jamais vraiment pris au sérieux, trop déconneur, et ses talents de lyricistes souvent sous-estimés. "Number One Spot", en début d'album, va en surprendre plus d'un! D'abord la production de DJ Green Lantern reprenant la boucle du thème d'Austin Powers ("Soul Bossa Nova" de Quincy Jones plus exactement), et Luda balance des textes à double-sens délirants, même une pique à Billy O'Reilly; notre homme n'a encore rien perdu de son mojo! La "Potion" reste la même, et quand Timbaland s'occupe de l'instru, les sonorités tribales légèrement voodoo provoquent des effets similaires aux aphrodisiaques.
Inéluctablement, les morceaux perpétuant la tradition du bounce Dirty South sont un des points forts de 'Red Light District'. D'abord "Pass Out", produit par Needlz ("Let Me In" de Young Buck), ensuite la grosse bombe "Why Not Me": le son est à l'extrême limite du crunk où Luda se lâche au refrain et met à l'épreuve ses rivaux, du moins un (pas la peine de rappeller qui). Dans un style tout aussi différent, "Spur Of The Moment" est une véritable bombe Westcoast, DJ Quik en invité, étant à niveau égal au niveau des lyrics crus et sans concessions. Nate Dogg est aussi de la partie sur "Child Of The Night", dans un style uptempo laid-back saississant et bien smooth. Dans ce même genre, passez sur "Two Miles An Hour" avec ses métaphores automobiles, une ballade à la 'pimp my ride'.
Pour ce qui est du reste, DMX revigore le refrain de "Put Your Money" et pour ceux qui ont déjà écouté 'Street's Disciple', c'est avec plaisir que l'on se repassera "Virgo", avec Doug E Fresh au beat box!
'The Red Light District' est dans la continuité de ses précédents albums, avec une évolution artistique (surtout au niveau du flow) certaine comme à chaque fois, ce qui démontre encore plus la régularité exemplaire du rappeur sudiste. Et avec classe! Vivement 'Reveal Therapy' l'année prochaine!