Le beef entre T.I. et Ludacris fut un des grand épisode rap sudiste de cet été. On se souvient de "Stomp" sur l'album de Young Buck ('Straight Outta Ca$hville') où les deux protagonistes se sont affrontés verbalement, et finalement Luda a eu le dernier mot sur l'autoproclamé King Of South avec "Stay off the TIP of my dick".
Non content de ce coup de revers, le jeune T.I. a mis les bouchées doubles avec 'Urban Legend', son 3e LP, pour se mesurer aux prochaines sorties de Ludacris et Lil Flip sur le terrain Dirty South mainstream. Par conséquent, la liste des producteurs est impressionnante : Lil Jon, The Neptunes, Jazze Pha, Mannie Fresh, Daz Dillinger ("My Life"), Scott Storch, David Banner, Swizz Beatz... En revanche moins d'invités mais non des moindres : Nelly, Lil Kim, Trick Daddy, B.G., Lil Wayne, etc...
D'emblée, "Tha King" met les choses au clair et scande un refrain d'anthologie et fédérateur. La suite sur "Motivation" (produite par Lil Jon), sur laquelle il rappe "All ur hate is fuelin' my fire/.../Y'all niggaz won't stop my show/U know I won't stop my grow/Suckers MC can't make me suffer/It makes me strong / Just makes me tough". Ca ne rigole pas! Rien ne peut stopper l'ambition de T.I. et c'est déjà un facteur de progrès. Confirmation sur les morceaux suivants avec "ASAP" et "U Don't Know Me". Cette première partie d'Urban Legend' est solide, tout bonnement, et surtout très convaincante. Et encore, vers le milieu de l'album, on a droit à une bombe signée Mannie Fresh ("The Greatest"). Seul "Countdown" fait la transition avec 'Trap Muzik' en reprenant la mélodie de "Rubberband Man" vers un style plus rock typique du blues du Mississipi (merci David Banner).
L'un des objectifs de ce disque est de toucher un public un peu plus large, ce qui explique la présence de club bangers efficaces comme "Bring 'Em Out" signé Swizz Beatz (qui sample une phrase de Jay-Z) ou encore "Get Ya Shit Together" feat Lil Kim, produite par son petit copain le hobbitt Scott Storch (décidément omniprésent sur les gros coups). Pour ceux qui recherchent des sons plus Dirty South, il faut passer sur "Stand Up" feat Lil Jon, Lil Wayne et Trick Daddy, la bombe assurée! Plus commercial peut-être, le duo avec Nelly sur "Get Loose". Effectivement encore, c'est du lourd. T.I. nous prouve d'autant plus sa versatilité en adaptant un flow nonchalant sur des morceaux mid-tempos tranquilles ("Freak Though" feat Pharell Williams), voire groove glamour sur des basses funkys style ambiance de soirée sur "Limelite".
Le résultat final est sans appel : 'Urban Legend' peut se classer facilement dans les meilleurs sorties Dirty South de l'année 2004. T.I. a prouvé de quel bois il peut se chauffer, et sans vouloir le vanter, il a honnêtement mis la barre assez haut. Et c'est très bon pour la santé du Southern rap et pour la compétition avec son voisin d'Atlanta, Ludacris.