11 Septembre 2001, deux grands monuments new yorkais s’effondraient en direct devant des millions de spectateurs et téléspectateurs. En parallèle, deux grands de la Grande Pomme se donnaient une lutte fratricide pour le siège de la ville : les inébranlables Jay-Z et Nas.
Ce même jour sortait dans le plus grand anonymat 'The Blueprint', 5e album de Jay Hovah et surtout 2e grande consécration du rappeur. Cet immense succès d’estime autant que commercial, nous le devons à trois producteurs hyper talentueux : le confirmé Just Blaze, le génial Kanye West et Bink, le joker. Tous trois vont permettre à Jay-Z de frôler les sommets qu’il avait déjà atteint avec son premier essai 'Reasonable Doubt'.
Le premier morceau de l’album annonce clairement la couleur ("The Ruler’s Back"), le retour de celui dont on le disait déjà bon pour la retraite. Au lieu de cela, il redébarque avec ce second classique. La teinte de 'Blueprint' est feutrée par des samples old school et soulful des plus splendides, de véritables trouvailles qui peut replonger l'auditeur des ambiances assez 70z. Et le must, c’est que la plupart de ses chansons sont devenus de véritables tubes, tels que "Izzo", "Ain’t No Love" et "Girls Girls Girls" avec Slick Rick, Q-Tip et Bizmarkie ! Encore une fois un grand merci à la virtuosité des maitres d’œuvre Kanye West et Just Blaze, et surtout au maestro Jigga de part sa technique légendaire.
Mais pour donner plus de poids à ce disque, Jay-Z a mis les gros moyens. Vous avez bien compris qu’on parle du fameux "Takeover", le diss monumental destiné à Nas. Un sample rock des Doors repris par Kanye sur lequel Jay représente d’abord tout son crew du Roc A Fella en ne manquant de citer personne : ce morceau est un véritable tracteur balayant tout au passage. Et pour ne pas trop manquer de respect à son rival dont il lui consacre un couplet, il a été ajouté un scratch de KRS-One (repris de "The Bridge Is Over") « Watch out, we run New York ! ». Véritablement symbolique puisque c’est sur ce morceau que KRS disse tout le QueensBridge, et Jay-Z l’a repris pour en faire une véritable arme. Toute la carrière de Nas en prendra un gros coup.
On pardonnera la petite faiblesse de l’album, "Jigga My Nigga" signée les Trackmasters, froissant un peu le fil conducteur de Blueprint. C’est Timbaland qui rattrappe le coup en collant un "Hola Hovito" redoutable. Le reste, Jay-Z nous épate avec le tiercé "Neva Change/Song Cry/All I Need". Une authentique réussite. Notre rappeur parvient à chaque moment à se coller au morceau, même sur le surpuissant "U Don’t Know". Une des grandes particularité de cet opus solo, c’est l’unique featuring : Eminem, au micro et à la production. Une fois de plus, une chanson plus qu’une simple collaboration qui restera marquée dans les esprits ("Renegade").
The 'Blueprint' marque définitivement la matûrité artistique de Jay-Z, délaissant ses délires ‘bling bling’ au placard pour refaire de véritables albums et non des suites de morceaux. Ce qui fait que cet album n’égalera et ne surpassera pas 'Reasonable Doubt', c’est le niveau lyrical. Car hélas, Jay ne parvient pas à dépasser la barre qu’il avait mis avec ses deux tous premiers disques. Ceci dit, ne boudons pas l’immense plaisir que procure ce disque absolument magistral. Un « must-have ».